Washington, DC, 2012.
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PRESIDENT LINCOLN
Get homir.e aux larges
traits, aux choveux noirs,
a I'ooil intolligent et bon.
est Abraham Lincohi, un
dcs plus grands hommes
de notre epoque, sans con-
tredit. Ce qui distingue sa
vie do celle de la plupart
des hommes eminents, c'est
qu'il a occupe les positions
sociales les plus diverses.
Les ouvricrs de tons les
pays contempleront avec
un honnetc orgueil ce fils
du travail, qui personnifle
ce qu'il y a de meillcur
parmi oux, tandis quo les
souvcrains de la tcrre ont
honoro sa memoire ct de-
plore sa mort.
II naquit en 1809, dans
le Kentucky; scs parents
habilaient uno de ces caba-
nes que les hardis pionuiers
batisscnt dans les solitudes
de I'Amerique. Dans cette
laborieuse famille, I'affec-
tion mutuelle allegcait le
travail, et la priere elevait
les pensees au-dessus d'un
present difficile, vers Ic
repos reserve aux enfants
de Dieu. La mere du jeune
Lincoln etait une fomme
simple et pieuse. Son fits
n'oublia pas les lejons
qu'il regut d'olle ni les
prieres qu'elle avait faites
avec lui. A sept ans, Abra-
ham savait lire, mais ses
etudes furent souvont intcr-
rompues par des travaux
manuels. A huit ans, nous
trouvons I'enfant on voyage
avec pere et more. Pendant
sept jours ils Iravorsent des
regions desertes, couchant
sur la tcrre, sans autre
abri que le ciel; ils se
frayont un passage a tra-
vers les forets, la haclie a
la main. Le petit Abraham
fait sa part de besogne;
arrive a destination, le
voila qui aide son pere a
biUirune nouvelle dcmeure.
Bientot un grand deuil
frappe cette famille si tcn-
drement ume : la mere est
appelee a echanger le far-
deau de la vie centre le
repos eternel des c'.eux.
Abraham n'oublia jamais
sa mere et ne purlait d'elle
qu'avec le plus grand res-
pect. La piete de Lincoln,
celte piete si sincere et si
fervente se developpa tout
d'abord sous riulluonoc du
cults domestique, le seul
auquel il put preudre part
pendant son enfance, a de
rares exceptions pres. Quel
tresor pour un enfant que
d'entendre ainsi lire la
Bible et prier en famille!
Un an apres la mort de
sa mere, le pere de Lincoln
epousa une veuve qui avait
trois enfants. La plus par-
faite Concorde regna entre
tous les membres de la
famille ainsi reconstituee,
et la belle-mere d'Abraham
fut vraiment pour lui une
seconde mere. A ce moment
de sa vie il eut de nouveau
I'occasion d'allcr a I'ecole
et en p.ofita avidement. II
avait un gout prononcc
pour la lecture, d'antant
plus prononce peut-etre
qu'il lui etait plus difficile
de le satisfaire. Le Voyage
du Chretien, la Vie de
Washington et les Fables
d'Esope composaient a peu
pres toute sa bibliotheque.
A dix-neuf ans, I'amour
des aventures lui fit entre-
prendreun voyage. L,e voila
batelier sur le Mississipi,
dormant sur le fond de son
embarcation, enveloppe
d'une mince couverture; il
fait ainsi des milliers de
lieues. C'est pendant ce
voyage qu'il put voir I'es-
clavage de pres. C'est en
traversant les Etats a escla-
ves qu'il apprit a hair cette
institution maudite, con-
damnee de Dieu, et aussi
fatale pour les maitres que
pour les esc)aves.
Un peu plus tard, nous
trouvons Lincoln engage
conime volontaire dans une
expedition dirigee centre
un chef indien rebelle, le
Faucon-Noir; puis il entre,
en qualite de conimis, dans
un magasin. Sa probite
devient proverbiale; il pro-
fite de toutes les occasions
pour s'instruire et se per-
feclionner de toutes les
maniercs. Devenu ensuite
maitre de poste dans I'lUi-
nois, il poursuit son edu-
cation et se met a etudier
le droit.
Peu a peu il s'eleve; il
remplit certaines fonctions
administratives; son nom
commence a circuler dans
le pays, et, en 1834, elu
membre de I'Assemblee
legislative, il entre dans sa
carriere politique. Trois
fois reelu, 11 s'etablit a
Springfield en 1836, et s'y
adonne a la jurisprudence,
apres avoir rempli les con-
ditions exigees pour cela
dans son pays. C'est la
qu'il eut le bonheur de
sauver la vie d'un jeune
homme accuse faussement
pour meurtre, et qui avait
toutes les apparences contra
lui. Le jour ou la sentence
devait etre prononcee, Lin-
coln rassura la mere du
prisonnipr en lui disaiit :
Avantle coucherdusoleil,
j'aurai prouve I'innocence
de votre fils. Quand le
jury eut rendu son verdict,
I'eloquent avoeat, montrant
du doigt I'occident, dit a
I'heureuse mere : Le so-
leil n'est pas encore oou-
che, votre fits est libre!
Quoique le jeune sena-
teur fnt ennemi jure de
I'esclavage, il avait trop
de prudence et de sagacite
pour soulever les esprits
avant que le moment d'agir
fut venu. Neanmoins il ne
tarda pas a se convaincre
qu'il fallait en finir avec
les (lemi-mesures, et que
la nation devait devenir ou
tout entiere libre ou tout
entiere esclave. Je crois,
disait-il, que I'esclavage
est mauvais au point de
vue moral, social et politi-
que; j'ai toujours hai I'es-
clavage.
Lincoln se maria u trente-
trois ans et abandonna pour
un temps la vie politique;
aussi, en 1848, refusa-t-il
d'etre porte de nouveau sur
la liste des membres du
Congres. La cause de I'a-
bolitionisme Farracha a la
vie obscure et modeste que
ses gouts lui faisaient re-
chercher. II etait question
alors d'introduire I'escla-
vage dans des Etats ou il
n'avait pas encore penetre.
Lincoln se mit en marche
et parcourut d'immenses
districts, elevant partout sa
voix eloquente contre le
t
Wi
fleau de sa nation, portant partout la conviction dans les coeurs.
II s'attendait peu, en refusant le litre de gouverneur de I'lllinois, a I'honncur
qui I'attendait. Quand la nouvelle de son election comme president des Etats-Unis
lui parvint, les amis qui I'entouraient lo felicitercnt chaleureusement. Pour lui, il
prit le telegramme qu'on venait de lui remettre, s'arreta un moment, mit la depeche
dans sa poche, et dit avec sa simplicile ordinaire : > II y a une petite fenime chez
nous qui sera bien aise de savoir cela; je vais alter le lui dire.
Lincoln, ami de la paix, ne prevoyait pas que la guerre civile qui av.iit embrase
son pays dut 6tre si tongue. II fit tous ses efforts pour calmer les a limosites et
concilier les partis, mais il demeura constamment fidele a scs principes, et par sa
memorable proclamation du 22 septembre 1862, il brisa les fers de tous les
esclaves. C'est la ce qui rendra son nom immortel dans I'histoire. Parvenu au faite
des grandeurs, Abraham resta simple, bon, gai, bicnvoillani; ne buvant quo de
I'eau, travaillant tard le soir, se levant de grand matin pour prier, remarquable
par la lucidite de son esprit et la dignite de son caractere.
II etait entre alors dans la phase decisive de sa vie. Voici ce que Ton raconto
a ce sujet. Un jour, Lincoln eut une entrevue avec un ami qui lui dit : Et vous,
esl-ce que vous aimez Jesus ? Le president se couvrit le visage de son mouchoir
et pleura : ce fut toute sa reponse. Bientot, pourtant, il releva la tete : Lorsque
je quittai ma paisible retraite pour venir ocouper le fauteuil de president, dit-il
enfin, je demandai a mes concitoyens de prier pour moi, ear jo n'ctais pas chretion.
Lorsque mon fits me fut enleve par une mort prematuroe, ce fut le coup le plus
terrible qui m'eut encore frappe; je n'etais pas encore Chretien. Mais lorsque je
suis venu a Gettysbourg, quand j'ai vu le champ de bataille oil tant de braves
sent tombes pour defendre leur pays et leurs foyers, ai rs je me suis donne tout
entier a Christ..... et mainteiiant, je puis le dire : aujourd'hui, j'aime Jesus! Et
c imme Jesus etait devenu son ami, I'humble ehretien aimait a s'entrelenir avec
lui tous les matins; de quatre a cmq heures il lisait la Bible et priait a hauto
voix. L'liommo d'Etat faisait preceder los occupations les plus importantes de la
plus sainte, de la plus importaiite de toutes.
Cepcadnnt on remarqua Ic ton solennel et un peu triste de son dernierdiscours,
dans Icquel il conseillait la clemence envers les enuemis de I'Etat. C'est dans ces
dispositions, partagoes par sa digne compagno, qu'il se rendit avec elle, le
14 avril 1864, au theatre de Washington, ou le peuple s'etait assemble pour voir
le general Grant. Grant n'avait pu venir, et Lincoln ne voulait pas que la foule
fiit desappointoe. Ce ne fut pas sans repugance que le president et sa femme
quitterent ce soir-la leur paisible interieur pour se montrer en public. On salt ce
qui suivit; c'est une page inscrite en traits de feu et de sang dans I'liistoire
contemparame. Un malheureux, pris de vin, furieux, entre dans la loge du
president et lui decharge un pistolet dans la tete. Le grand homrre, dont la vie
avait etc consacrce au bien, tombe, baigno dans son sang; il meurt presque sans
sonffraneo, au moment oil son pays triomphe, et devient le martyr de la sainte
cause dont il avait ete le defenseur.
Quel a ete le seci'et de cette existence si noblement remplie, de cette enorgie
sans duretc, de cette bonte sans faiblesse, de cette rare droiture, de cotto per-
severance dans le bien, de cette fldelite a des principes reconnus justes? P'cQutez
ce que dit sur la tombe de Lincoln un ministre du Seigneur : II lisait souvent
la Bijle; il en aidiait les grandes verites, les profonds enseignements; il se
t laiisait gui lor par les principes du saint livre. II croyait en Christ, sauveur
des pi'cheurs, et s'efforeait de conformer sa vie aux principes de la religion
. rcvelee. Peu d'hommes d'Etat ont montre autant de conflance en Dieu; peu
de presidents ont implore aussi frequemment le secours de Dieu dans leurs
diseours ou leurs proclamations. II avait la conviction que Dieu benirait nos
efforts, pares que nous cherchions a faire le bien. II dit un jour a un ministre :
Dieu m.'est temoin que mon ardent desir et ma constante priere, c'est que moi-
mene et cette nation nous soyons du cote du Seigneur. >
Remarquons bien ces mots : il croyait en Christ, sauveur des pecbeurs. Quel
plus simple, mais quel plus beau temoignage rendre a un homme! Quelle plus
simple et quelle plus belle explication de ses heroiques efforts pour guerir la
plaie hideuse qui rongeait son pays! Lui, Abraham Lincoln, se croyaitunpecheur,
sauve par les merites de Christ, et comme Jesus etait son Sauveur, il croyait que
Jesus etait aussi le Sauveur de tout homme, noir ou blanc, qui croirait en lui,
et voudrait se laisser sauver par ce Redempteur misericordieux. L'ame d'un
pauvre negre etait precieuse aux yeux de Lincoln, parce qu'il savait que I'Ame
d'un negre etait precieuse a Jesus-Christ. Si Dieu a tant aime le monde qu'il a
envoyo son Fils unique au monde afln que quiconque croit en lui ne perisse point,
mais qu'il ait la vie eternelle, ce mot quiconque renferme tous les enfants des
homnves, quelles que soient leur couleur, leur race, leur position sociale. Et
puisque le negre, purifle de ses peches par le precieux sang de Christ, devient
participant de la liberte glorieuse des enfants de Dieu, il est digne de la liberte
civi'e, et de participer a tous les biens que Dieu a repandus si largement sur
la lerre.
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